Notre vision des choses

L'aide humanitaire peut prendre plusieurs formes. Aides gouvernementales, ONG, coopération, chacune a ses avantages (moyens financiers plus ou moins importants, meilleure connaissance du terrain) et ses inconvénients (rigidité administrative, mauvaise utilisation des fonds).

Il nous est apparu important de définir dès le début quelques règles, une sorte de chartre que nous essayerons d'appliquer le plus possible. Voici les quatre points qui nous paraissent importants.

1) L'aide doit profiter en priorité et en intégralité (dans la mesure du possible) aux citoyens du pays aidé.
Non seulement nous nous interdisons de nous verser des salaires et autres compensations dans le cadre de notre projet, mais en plus nous paierons de notre poche tous les frais qui nous concernent. Par exemple, si un jour nous allons au Tchad, le voyage se fera entièrement à nos frais (billet d'avion, hotel, restaurant, etc.) même s'il est effectué dans le cadre de notre projet.
Nous respectons le choix des autres organismes qui fonctionnent différemment. De notre côté nous considérons que nous n'avons pas à vivre de notre projet et que nous ne devons en tirer aucun avantage si ce n'est le plaisir d'aider des personnes en difficulté.
Etant informaticien de profession et économiste de formation j'ai un avantage: je peux m'occuper moi-même de deux postes souvent coûteux au sein de toute organisation: l'informatique (création du site web par exemple) et les études économiques. Nous comprenons que les consultants qui travaillent pour les ONG ou des organismes publics d'aide aux développements facturent leurs prestations (tout le monde a besoin de vivre). Mais ces montants dépensés dans ces postes sont autant d'argent en moins pour les populations locales. J'aurais du mal à imaginer un projet où nous dépenserions 300 euros et plus par jour pour un consultant alors que les personnes que nous essayons d'aider vivent souvent avec moins d'un euro par jour !
Par contre nous déduirons les dépenses engendrées par ce projet de nos revenus. Moralement il nous semble normal de ne pas avoir à payer d'impôt sur un revenu dont nous n'aurons pas bénéficié.

2) La transparence doit être totale.
Les chiffres doivent être précis et facilement vérifiables. Nous voulons dire par là que les comptes ne devront pas se contenter de mentionner des rubriques comme "frais de fonctionnement" mais détailler ces frais (électricité, envois postaux). On le sait, la comptabilité permet assez facilement de mettre des montants dans une rubrique plutôt que dans une autre (la limite entre deux rubriques est souvent question de point de vue).
Chaque dépense sera donc clairement détaillée et nos lecteurs pourront vérifier que l'argent est dépensé correctement. Ils pourront même nous faire part de leur critique (par exemple telle imprimante était-elle vraiment adaptée ?).
Nous hésitons à pousser la transparence jusqu'au bout en publiant chaque année nos revenus et notre patrimoine. Si nous décidons de faire appel à l'argent de donateurs, il nous semble normal de le faire. Nous tenons à ce que notre projet repose sur la confiance. Mais nous ne sommes pas naïfs, nous savons que l'homme est parfois prêt à tout pour l'argent. Il sera donc sans doute nécessaire de publier ces données privées. Celà évitera qu'un jour des doutes surviennent sur nos ressources (une fois des doutes émis, le retour de la confiance est très difficile).

3) La démocratie doit avoir sa place.
Nous tenons à ce que ce projet soit le plus démocratique possible. Démocratique du point de vue de nos lecteurs (que chacun puisse donner son avis sans qu'il y ait de censure exceptée en cas de propos injurieux ou allant contre la loi). Si un jour nous faisons appel aux donateurs, ceux-ci auront leur mot à dire.
Démocratique du point de vue des populations qu'on aide. Les aider, c'est d'abord écouter leurs besoins, leurs idées. Notre rôle doit être de les conseiller, de les aider mais surement pas de leur imposer notre point de vue occidental. Notre expérience nous l'a prouvé: les projets qui fonctionnent sont ceux que la population locale s'approprie.
Enfin, nous parlons de vraie démocratie. Nous ferons en sorte que jamais il n'y ait de "chef" dans notre projet. Les luttes pour le pouvoir sont néfastes. Notre souhait est que si ce projet grandit, il soit une somme de petits projets gérés par de multiples individus et non pas une grosse structure avec des guerres de clans.

4) Il faut vivre avec la réalité.
Nous sommes idéalistes mais en même temps nous savons que notre projet ne fonctionnera que si nous tenons compte de la réalité. C'est la raison pour laquelle finance, investissement ou encore rentabilité ont leur place dans notre vision du projet. Un projet humanitaire doit être rentable s'il veut pouvoir durer. C'est une réalité économique que l'on ne peut pas nier. Par contre cette rentabilité doit profiter aux populations locales et elle doit se faire dans le respect des autres. Cette rentabilité bien entendue doit rester saine (à l'inverse des marchés boursiers qui en veulent toujours plus).

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